La masculinité est-t-elle devenue Schizophrène ? Quand personne ne sait plus ce que veut dire d’être un homme

La masculinité est un sujet compliqué, comme l'expose brillamment la série "Adolescent", les hommes ne savent plus être des pères, ne savent plus quels codes suivre non plus. Et pour moi, c'est un challenge de traiter du sujet tant on à l'impression de marcher sur des oeufs. Je relève malgré tout le défi

Vlan!
11 min ⋅ 30/03/2025

La semaine dernière, je discutais avec un ami de longue date, père de deux garçons adolescents.
La voix incertaine, il m'a confié : "Je ne sais plus quoi leur dire. Comment être un homme aujourd'hui ? Quels conseils leur donner quand moi-même je n'y comprends plus rien ?"
Son désarroi m'a profondément touché, car il résonne avec une question que je me pose depuis l'adolescence : qu'est-ce qu'être un homme dans notre société ?

Est-il encore possible d'incarner une masculinité qui ne soit ni toxique ni effacée ?
Comment naviguer entre les attentes contradictoires qui bombardent les hommes quotidiennement ?
Et surtout, pourquoi est-il devenu si difficile de simplement être soi-même ? Est-ce que cela signifie même quelque chose ?

La confusion règne partout. La bouleversante série "Adolescence" sur Netflix nous plonge dans la réalité de jeunes garçons perdus, tiraillés entre les modèles masculinistes qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et une société qui condamne - à juste titre - les comportements toxiques.
Pendant ce temps, l'affaire Gérard Depardieu révèle nos incohérences collectives : comment comprendre qu'un comportement de prédateur puisse encore être défendu au nom du "génie artistique", y compris par des figures féminines respectées ?
De manière anecdotique, j'écris cette newsletter alors que simultanément j'observe de jeunes adolescents simuler une bagarre et jouer à la loi du plus fort.

Dans ma propre histoire, des femmes m'ont parfois qualifié de "trop sensible" ou "tellement fragile" pour avoir simplement exprimé mes ressentis avec vivacité.
Ces expériences m'ont amené à m'interroger profondément : notre société sait-elle ce qu'elle attend des hommes ? Savons-nous, en tant qu'hommes, ce que nous voulons être ?

Cette confusion n'est pas seulement théorique - elle se manifeste dans nos comportements quotidiens, dans nos relations, dans notre façon d'élever nos enfants.
Elle a des conséquences réelles sur la santé mentale des hommes, sur les dynamiques de couple, sur l'éducation des garçons qui tentent désespérément de trouver des repères dans ce brouillard identitaire.
Les modèles masculins manquent cruellement : les pères sont souvent absents, les films & séries sont caricaturaux et les algorithmes des réseaux sociaux avantagent les avis extrêmes.

J'observe des hommes qui, comme des caméléons, changent de personnalité selon qu'ils cherchent à séduire, à impressionner leurs pairs masculins, ou à répondre aux attentes contradictoires de la société.

La masculinité est devenue un champ de mines - un pas trop appuyé vers la virilité et vous êtes un dinosaure toxique; un pas trop léger et vous êtes invisible, insignifiant.
Ce numéro d'équilibriste épuise des générations entières d'hommes qui ne savent plus qui ils sont censés être.

Aujourd'hui, je plonge sans retenue dans cette question explosive : qu'est-ce qu'être un homme au XXIe siècle, quand personne – ni les hommes, ni les femmes, ni la société – ne semble capable de formuler une réponse cohérente ?

Mon histoire d’homme un peu perdu

Paradoxalement, pour un homme, parler de masculinité reste compliqué.
On craint de dire une bêtise, de ne pas être légitime.
J'avais d'ailleurs expliqué à Angelo Foley cette « peur d'être un homme » sur son podcast il y a quelques années.
Mais aujourd'hui, je me sens plus légitime que jamais pour mettre les deux pieds dans le plat.

Mon histoire personnelle offre peut-être quelques clés de compréhension.
Enfant, j'avais un père pompier de Paris, musclé et "viril" – une sorte de super-héros.

Mais un super-héros chroniquement absent, qui ne prenait pas de temps pour ses enfants.
Commercial avec le Maghreb, il était souvent en voyage et par ailleurs, il ne nous a pas beaucoup accompagné, pas appris à faire du vélo, pas joué avec nous.
Il était un excellent bricoleur mais chaque fois qu’on essayait de l’aider et d’être curieux, il nous rejetait en nous disant que nous étions des incapables mon frère et moi…
Ce n’était pas nécessairement méchant mais juste réaliste, on lui faisait perdre du temps, très basique.
Si je partage cela, c’est parce que je ne crois pas être le seul homme à avoir eu un père absent et donc un manque d’amour inconscient et surtout un père aimant et gentil mais loin de la paternité idéale.
Il nous a quitté il y a 9 ans et je n’ai pas eu l’occasion de parler de cela avec lui malheureusement.

En parallèle, ma mère avait arrêté de travailler pour s'occuper de nous deux.
J’ai passé de très nombreuses journées dans le jardin de la cité, à écouter les conversations de ma mère et ses amies pendant des années.
C'est peut-être de là que vient mon lien si particulier avec les femmes, les conversations profondes, et ma facilité à m'entendre avec elles.

J’ai grandi avec une bande de garçons et adolescent, nous trainions et faisions les 400 coups et beaucoup de skateboard.
Mais mon caractère s'est véritablement ancré vers 13-14 ans, quand je me suis lié d'amitié avec Émilie.
Ma première meilleure amie.
Nous nous écrivions, nous nous appelions jusqu'à rendre fous nos parents respectifs.
Quand ils en avaient assez, j'allais dans la cabine téléphonique du quartier (ceux qui savent, savent…) pour poursuivre nos échanges.
Cette relation – parfaitement platonique puisqu'elle était la petite amie de mon meilleur ami – avait une profondeur incomparable avec les discussions entre garçons.
Elle a nourri en moi une sensibilité qui ne demandait qu'à éclore.

Depuis lors, mes amitiés sont très majoritairement féminines.
Elles représentent sans doute 90% de mon entourage proche.
On qualifie la sensibilité, l'écoute, et la vulnérabilité de valeurs féminines, pourtant, elles ne sont pas des qualités genrées – elles sont simplement humaines.
Marque de notre société, et de manière très curieuse, même aujourd'hui, je ressens le besoin de préciser que j'ai toujours été attiré sexuellement par les femmes.
Comme si une petite voix m'imposait cette clarification, de peur que vous ne fassiez d'autres suppositions.
Preuve que les préjugés ont la peau dure, même à l'intérieur de moi-même.
J’ai conscience que c’est idiot mais j’ai choisi de vous partager de manière sincère ce que je ressens.

En 2 mots, ma vie s'est construite très majoritairement sur des amitiés homme-femme authentiques.
Contrairement à ceux qui doutent de leur possibilité, je trace une ligne claire dans mon esprit entre mes « amies » et mes « intérêts romantiques potentiels ».
Cette sensibilité est peut-être la raison pour laquelle vous êtes majoritairement des femmes à suivre cette newsletter et mon podcast par ailleurs.

La quête d’une masculinité authentique

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Par gregory pouy

Je suis Grégory Pouy, un passionné des liens humains et des transformations qui façonnent notre société. Après des années dans le monde de la transformation digitale, j’ai décidé de prendre un autre chemin : celui de la réflexion, de l’authenticité et de la nuance.

Je suis profondément convaincu que dans un monde qui va toujours plus vite, prendre le temps de comprendre est une force.

À travers mon podcast, mes écrits, mes conférences et mes accompagnements et désormais cette newsletter je cherche à donner des clés pour mieux appréhender le monde, avec lucidité et bienveillance afind d’être plus serei dans un monde instable.

Ce qui me motive, c’est d’aider chacun à poser un regard différent sur la vie, à s’interroger sur ce qui compte vraiment, et à nourrir des liens profonds et sincères. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais je pose les bonnes questions – celles qui permettent d’avancer avec plus de clarté et de conscience

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